
Nicolas SARKOZY
Union pour un Mouvement Populaire (UMP)
(Réponses transmises par courriel)
Régime juridique de l’animal
Voir sa réponsePrendrez-vous la décision de retirer l’animal du droit des biens et de créer dans le Code civil, à côté des « Personnes » et des « Biens » une troisième catégorie pour les « Animaux » ?
La modification du statut de l’animal dans le Code civil ne me parait pas souhaitable et créerait une série d’incertitudes juridiques sur les rapports liant l’homme à l’animal, par exemple le droit de propriété. (...)
Les réglementations nationales (Code rural) et européennes (la protection des animaux est un domaine largement harmonisé au niveau européen) permettent d’ores et déjà de disposer de l’ensemble des outils juridiquement nécessaires à la protection des animaux. Elles établissent sans ambigüité juridique possible une série d’obligations et de devoirs dans les pratiques quotidiennes de l’homme vis-à-vis des animaux.
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Trafics d’animaux de compagnie
Voir sa réponsePrendrez-vous la décision d’interdire l’importation en France d’animaux de compagnie ainsi que leur commercialisation dans les animaleries ? Prendrez-vous également la décision d’interdire les ventes d’animaux par petites annonces à défaut de pouvoir les contrôler strictement ?
(...) Face au développement considérable des activités d’élevage et des offres de vente des animaux de compagnie, il me semble désormais nécessaire qu’un dispositif encadre spécifiquement ces activités au niveau européen et que la Commission européenne ne se concentre pas uniquement, en matière de protection animale, sur les animaux dits « de rente », mais s’attachent également aux animaux de compagnie.
Il est indispensable de bâtir un consensus européen sur la nécessité d'un meilleur encadrement des règles de commercialisation des animaux et coordonner à l’échelle européenne, pour être plus efficace, la lutte contre les trafics.
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Expérimentation animale
Voir sa réponsePrendrez-vous la décision de promouvoir une politique volontariste de recherche, de validation et de mise en œuvre de techniques expérimentales n’utilisant pas l’animal comme modèle biologique ?
(...) En 2010, nous avons révisé la directive, datant de 1986, encadrant les conditions d’utilisation des animaux à des fins d’expérimentation. La nouvelle directive adoptée le 8 septembre 2010 sera applicable au 1er janvier 2013. De très nombreuses nouvelles dispositions seront mises en œuvre pour contribuer à limiter le nombre d’animaux utilisés à des fins expérimentales. J’ai souhaité que ce nouveau texte soit l’occasion d’inscrire durablement dans notre réglementation la règle des 3 R consistant à remplacer l’expérimentation animale, réduire le nombre d’animaux utilisés et raffiner les procédures, c’est-à-dire optimiser les méthodologies employées pour diminuer la douleur animale tout en garantissant la robustesse et la fiabilité des résultats scientifiques.
Les crédits pour les projets de recherche devront évidemment être alloués pour les recherches pertinentes, qui utilisent avant tout des approches appropriées complémentaires, qu'elles soient des méthodes in vitro, ex vivo ou in vivo. Dans bien des cas, les chercheurs recourent à l'utilisation de modèles animaux en dernière intention parce qu'il s'agit des seuls modèles pertinents pour traiter une question dans sa globalité (le vivant) après avoir analysé les mécanismes de manière isolée. J’attache beaucoup d'importance aux développements des méthodes alternatives pour lesquelles j’ai notamment souhaité la mise en place d’un Groupement d’intérêt scientifique (GIS) « Plate-forme française pour le développement de méthodes alternatives en expérimentation animale ».
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Corrida
Voir sa réponseVous engagerez-vous à demander l’annulation de l’inscription de la tauromachie au patrimoine culturel immatériel de la France ? D'un point de vue législatif, prendrez-vous la décision de promulguer une loi visant à supprimer le troisième alinéa de l'article 521-1 du code pénal ? Si cet article puni sévèrement les sévices graves et les actes de cruauté envers les animaux, son alinéa 3 autorise les spectacles taurins avec mise à mort lorsque qu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Cette exception légale aux sévices graves, simple tolérance du législateur face à des pratiques d'un autre temps, légitime la mutilation de centaines de taureaux chaque année en France.
L'existence sur plusieurs parties du territoire français de traditions locales séculaires de corridas est une réalité que l’État se doit de respecter. Cette forme particulière de reconnaissance, tel qu'elle résulte en particulier des articles R. 521-1, R. 654-1 et R. 655-1 du code pénal, n'ouvre droit à aucun concours de la part de l'État. Je ne souhaite donc pas engager d’évolution du droit qui ne serait pas le reflet des aspirations locales des habitants des territoires concernés.
La convention internationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, adoptée dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), approuvée par la France en 2006, fait obligation aux États parties à cette convention d’établir un recensement des éléments de patrimoine immatériel existant sur leur territoire. Il s’agit d’une démarche à visée scientifique, fondée sur la seule existence factuelle de ces éléments.
En soi, elle ne constitue aucune forme de protection juridique et reste sans influence sur les législations applicables aux activités recensées. (...)
L’inscription de la tauromachie sur la liste du patrimoine immatériel français se situe strictement dans le cadre de ces principes juridiques et scientifiques.
Elle ne vise qu’à constater, sur la base de critères ethnologiques, l’existence de pratiques tauromachiques sur plusieurs parties du territoire français, et ne saurait en rien constituer, de la part de l’État , une forme particulière de reconnaissance nouvelle à l’égard de ces pratiques.
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Elevage, transport, abattage des animaux de ferme
Voir sa réponsePrendrez-vous la décision de promouvoir l’élevage des animaux de ferme sur le lieu où ils sont nés et la création d’abattoirs régionaux implantés à proximité des lieux de production ? Prendrez-vous la décision d’en finir avec l’inacceptable mode d’élevage intensif et réorienter la production animale vers un élevage respectant les impératifs biologiques et comportementaux des animaux de ferme, conforme au désir des consommateurs de disposer de produits de qualité ? Prendrez-vous la décision de modifier l’article R.214-70 du Code rural afin de rendre obligatoire l’étourdissement des animaux de ferme avant leur abattage sans exception pour l’abattage rituel ?
Le développement d’une agriculture toujours respectueuse de l’environnement et des conditions de bien-être des animaux fait évidemment partie des objectifs à soutenir. Cet objectif doit toutefois tenir compte de la réalité économique de la concurrence internationale et des choix de consommation qui eux-mêmes ne tiennent pas compte de ces paramètres.
(...) Outre le soutien à la conversion des agriculteurs en agriculture biologique, une politique active d’information et de communication auprès du consommateur devra être engagée pour faire valoir la qualité de ces produits et valoriser les modes d’élevages extensifs.
L’objectif à atteindre est que le consommateur privilégie, lors de ses achats, des produits qui garantissent la durabilité de nos systèmes de production et le revenu des producteurs agricoles qui s’engagent dans ces démarches. En ce sens promouvoir la réciprocité des règles applicables aux importations, y compris sur des sujets tels que la protection des animaux, constitue un enjeu majeur des années à venir.
(...) La France ne reviendra pas sur les valeurs républicaines qui fondent dans notre pays le libre exercice des pratiques de chaque culte. En revanche, l’abattage rituel doit rester strictement limité aux besoins des cultes. Par ailleurs, il est légitime que les consommateurs connaissent les conditions dans lesquelles les animaux ont été abattus. Des obligations d’étiquetage seront donc prévues.
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Fourrure
Voir sa réponseVous engagerez-vous à interdire les élevages d’animaux pour leur fourrure en France ? Prendrez-vous la décision de réglementer strictement l’étiquetage des fourrures en informant le consommateur sur quelle espèce elles ont été arrachées, leur provenance exacte, la méthode de mise à mort de l’animal et le nombre de spécimens sacrifiés pour réaliser la pièce portée ?
S’agissant d’une activité légale au sens du droit européen, dont les règles vis-à-vis de la protection animale sont particulièrement encadrées, il n’est pas envisagé de la prohiber sur le territoire national. Nos voisins d’Europe du nord, pourtant particulièrement vigilants sur les questions liées au bien-être des animaux, ne l’envisagent pas non plus.
Je souhaite en revanche que l’exercice de cette activité soit réalisé selon des règles strictes de sorte que les peaux que nous utilisons ne soient pas produites dans de mauvaises conditions d’élevage. Je poursuivrai auprès de nos partenaires européens la réflexion spécifique qui est engagée, sur l'étiquetage obligatoire de l'origine des fourrures.
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Chasse / Faune sauvage
Voir sa réponsePrendrez-vous la décision d’interdire la chasse à courre dans notre pays ? Ferez-vous évoluer notre législation afin que les articles R.654-1 et L.521-1 du Code pénal prennent enfin en considération tous les animaux sans distinction ?
La chasse à courre correspond à une très ancienne tradition française. Elle entraine des prélèvements d’animaux sur le milieu naturel qui sont très faibles. Je ne considère pas qu’il y ait de raison de l’interdire, dès lors qu’elle s’exerce dans le cadre strict qui la réglemente.
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Animaux de cirques
Voir sa réponsePrendrez-vous la décision de modifier l’arrêté du 18/03/2011 fixant les conditions de détention et d’utilisation des animaux vivants d’espèces non domestiques dans les établissements de spectacles itinérants afin qu’il s’engage, à l’instar des lois déjà en vigueur dans de nombreux pays européens, dans la voie de l’arrêt progressif de la détention d’animaux sauvages dans les cirques ?
(...) Les cirques doivent naturellement disposer, en préalable à toute activité, de toutes les autorisations délivrées au titre de la protection de l'environnement d’une part et des certificats de capacité à respecter les règles de bon entretien des animaux d’autre part.
En ce sens, l’arrêté du 18/03/2011 a renforcé les règles de protection des animaux hébergés dans les établissements de spectacles itinérants, en remplacement de celles en vigueur depuis 1978. Je veillerai attentivement à ce que ces nouvelles règles soient respectées, d’autant qu’elles ont fait l’objet de près de trois ans de discussion avec les associations de protection des animaux et les professionnels.
L'objectif des travaux qui sont conduits en faveur de la protection des animaux, est d'encadrer de façon raisonnée leur utilisation, et non d'interdire les activités des cirques qui contribuent à émerveiller tant d’enfants et à faire découvrir la beauté de nombreuses espèces dont la vision serait, sinon, réservée aux seuls plus aisés d’entre eux.
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Education
Voir sa réponsePrendrez-vous la décision d’instaurer une éducation au respect de la nature et à la connaissance de l’animal à tous les niveaux de l’enseignement et dans toutes les filières ?
Cette préoccupation existe déjà dans notre système scolaire. L’éducation au développement durable a été renforcée au cours du quinquennat. Les nouveaux programmes de l’école primaire de 2008 et du collège de 2009 lui font une place très importante.
Tous les élèves bénéficient aujourd’hui d’une éducation au respect de la nature et des animaux tout au long de leur scolarité, dans différentes disciplines. Les professeurs mettent aussi en place différents projets avec des associations – visites de fermes, classes de découvertes... Enfin, je sais que le ministère de l’Éducation nationale a conclu des partenariats sur ces questions avec de grandes fondations comme la fondation Goodplanet de Yann Arthus Bertrand, ou celle de Maud Fontenoy, axée sur la défense de la biodiversité.
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Organisation des Services administratifs
Voir sa réponseDonnerez-vous aux services ministériels chargés du bien-être animal ou de la préservation des espèces un rang administratif plus élevé que celui des « bureaux » actuels ? Fournirez-vous à ces nouveaux services les moyens nécessaires en personnel comme en attribution budgétaire, afin de les rendre plus efficaces ?
La centralisation de tous les sujets relatifs à la protection animale au sein d’une même structure administrative me semble une erreur, alors même que cette question est transversale à un grand nombre d’activités. Il s’agit tout au contraire, pour être plus efficace, comme cela a été fait en matière de développement durable, de faire partager cet objectif par le plus grand nombre possible des acteurs et des administrations potentiellement concernées.
Dans la mesure où le droit européen en matière de protection des animaux se construit dans les enceintes vétérinaires, il est normal que le bureau de la protection animale du ministère en charge de l’agriculture s’engage plus particulièrement dans l’élaboration et le contrôle des réglementations en ce domaine. Il lui revient aussi d’accompagner les filières de l’élevage dans l’évolution de leurs pratiques pour atteindre les objectifs fixés par le droit communautaire et national.
Toutefois, les ministères chargés de l’écologie, de l’Intérieur et de la recherche, chacun pour ce qui les concerne, sont aussi pleinement impliqués sur les questions de protection des animaux, sur les sujets qui relèvent de leur compétence. (...)
En conséquence, il appartient en ce domaine à l’État de jouer le rôle de veille, d’élaborer la règlementation et de la contrôler, mais il lui appartient aussi de faire partager ses préoccupations à chacun des intervenants pour atteindre l’objectif qu’il fixe.
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